CLASSE DE SECONDE

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LIEN DU DOSSIER COURS : COURS SECONDE.


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LIEN : DOSSIER EXERCICES.

COURS SES - SECONDE

Séance 1 : Présentation des SES.


Les Sciences Economiques et Sociales sont composées de 3 matières : l'économie, la sociologie, et la science politique.


La science économique, va, à partir de Smith (1776) interroger le lien économique (spécifiquement marchand) qui unit les hommes entre eux et les conduit à faire société. Cette interrogation est abordée d’abord à partir de la question de la richesse, puis à partir de celle du choix en univers de rareté : Qu’est-ce qu’une allocation efficace de ressources rares ?


La sociologie va au contraire interroger la société dans son ensemble dans ce qu’elle a de spécifique et analyser le lien social, les comportements sociaux et l’articulation entre contraintes sociales et autonomie individuelle.


La science politique, enfin, dans la lignée des grands penseurs de l’État et du pouvoir politique, va interroger, là encore de manière le plus souvent située (on s’intéresse aux sociétés dans ce qu’elles ont de spécifique) la constitution du lien politique, de la communauté politique, du pouvoir politique et de sa légitimité : Comment se conquiert et s’exerce le pouvoir politique ?



Le mot ÉCONOMIE vient du grec "oikos" (maison) et "nomos" (lois). L'économie, c'est donc gérer les lois, les ressources de la société. Dans ce thème, nous allons traiter de l'entreprise puis s'intéresser à un sujet plus global : la richesse d'un pays.


Le mot SOCIOLOGIE vient du latin "socius" (associés) et du grec "logos" (parler de). Ainsi, la sociologie c'est le fait d'étudier les relations sociales. Dans ce thème, nous nous intéresserons tout d'abord au fonctionnement de l'individu (socialisation) puis d'une manière plus globale, au fonctionnement des interactions sociales dans la société.



Comprendre qu’une des questions de base de l’économie est : « Qu’est-ce qu’une allocation efficace des ressources rares ? ».

La société, qui est en même temps un espace politique, est aussi une économie, car pour que la société se reproduise, elle doit aussi se nourrir, assurer la reproduction de la vie matérielle, en produisant, échangeant, répartissant les biens et services nécessaires, tout ce qui constitue, pour les individus comme pour la société qu’ils forment, une richesse. La science économique s’est précisément établie, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, comme cette « science des richesses » : elle essaie de comprendre la nature et les causes de la richesse des individus et des Nations.


Comprendre que les questions de base de la sociologie sont « Comment fait-on société ? Comment explique-t-on les comportements sociaux ? ».

En interrogeant le lien social et la façon dont les « individus font société », Durkheim pose fondamentalement la question des relations individu-société et relève le paradoxe des sociétés modernes : « Comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? (Émile Durkheim, De la division du travail social, 1893). Qu’est-ce qui, au sens propre du terme, lie les individus et fonde les formes de solidarité entre eux de manière à « faire société » ?


Comprendre qu’une question de base de la science politique est « Comment se conquiert et s’exerce le pouvoir politique ? ».

Définir l’objet de la science politique revient à tenter de définir ce qui est « politique ». Tentative délicate et sans doute un peu vaine, tant cette définition peut être variable selon les contextes sociaux et historiques. Toutefois, la politique est toujours adossée à la notion de pouvoir politique, qu’il s’agisse de définir un régime politique idéal, de constituer un ensemble de savoirs de gouvernement, ou bien encore de comprendre les déterminants de l’engagement politique et des comportements politiques.


Comprendre que ces disciplines réalisent des enquêtes et utilisent des données et des modèles (représentations simplifiées de la réalité).

Les sociologues et politistes se sont questionnés sur les méthodes à employer ; ils ont élaboré des techniques d’observation ou d’analyse de données recueillies au cours d’enquêtes scientifiques. Plusieurs types d’outils forment la base de leur travail d’enquêtes. Ces derniers peuvent être regroupés en trois grandes catégories : les méthodes d’observation qualitatives (observations et entretiens), les techniques quantitatives (utilisation de statistiques essentiellement), ainsi que les approches comparatives (méthode d’administration de la preuve, façon d’expliquer le fait social selon Durkheim).


Comprendre la distinction entre causalité et corrélation et savoir mettre en évidence un lien de causalité. Dans l’appréhension des questionnements qui les concernent, les sciences économiques et sociales sont amenées régulièrement à rechercher des liens de causalité entre variables, c’est-à-dire des liens « de cause à effet ». Le principe de causalité est ainsi le principe selon lequel tout fait (ici social, économique, politique) a une cause, les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produisant les mêmes effets. Cette recherche de relations de causalité nécessite le repérage préalable de corrélations entre les phénomènes observés : une corrélation est une relation statistique entre deux variables dont les valeurs varient dans le même sens (corrélation positive), ou dans le sens opposé (corrélation négative). Mais ce n’est bien qu’une étape, et il est essentiel de distinguer corrélation et causalité : toute causalité se fonde sur une corrélation (deux phénomènes, dont l’un cause l’autre, sont évidemment corrélés), mais toute corrélation n’est pas une causalité (deux phénomènes peuvent être corrélés sans que l’un ne cause l’autre).



Séance 2 : La diversité des producteurs.


Une production marchande est une production qui est vendue à un prix supérieur à son coût de production, afin de réaliser des bénéfices. Une production non marchande est distribuée gratuitement ou vendue à un prix inférieur à son coût.


S'il s'agit d'une production matérielle, on parle de la vente d'un bien. Si la production est immatérielle, il s'agit d'un service.


Enfin, une production peut être gérée par l'Etat, on dira que c'est une production publique. Sinon, elle est privée.


Une organisation est considérée comme une entreprise (privée) à partir du moment où c'est une production marchande. Cependant, il existe des entreprises qui peuvent être gérées par l'Etat : ce sont les entreprises publiques.


Il ne faut pas confondre entreprise publique et administration publique. Les deux organisation sont effectivement gérées par l'Etat, cependant, la première (entreprise publique) cherche à dégager des profits et l'Etat peut la détenir par stratégie économique, alors que la seconde (administration publique) est détenue par l'Etat mais, ici, il ne cherche pas à faire du profit. Exemple : la santé, l'éducation.

Une organisation qui réalise une production non marchande et qui n'est pas détenu par l'Etat peut être par exemple une association.


La majorité des entreprises a pour objectif commun de produire des biens et services marchands, afin de réaliser un bénéfice. Il s’agit d’entités économiques, sociales et juridiques. Elles constituent cependant un ensemble varié au sein duquel il est possible d’effectuer des regroupements. Les critères les plus utilisés pour opérer des classifications sont la taille, la nature de l’activité et le statut juridique. l’INSEE comme le nombre de salariés, le chiffre d’affaires et le total du bilan. Quatre catégories d’entreprises sont alors distinguées : les microentreprises, les petites et moyennes entreprises, les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises.


On peut aussi classer les entreprises selon leur secteur d’activité. Un secteur d’activité regroupe l’ensemble des entreprises qui ont la même activité principale. On distingue traditionnellement trois secteurs d’activité. Le secteur primaire regroupe l’ensemble des entreprises qui ont comme activité principale la production de ressources naturelles (agriculture, pêche, forêts et mines). Le secteur secondaire regroupe l’ensemble des entreprises qui ont comme activité principale la transformation des ressources naturelles en produits manufacturés. Le secteur tertiaire regroupe l’ensemble des entreprises qui ont comme activité principale la production de services. Le critère juridique concerne les règles de droit présidant à l’organisation de la propriété, à l’exercice du pouvoir des propriétaires ainsi qu’à la détermination des risques qu’ils prennent. On distingue par exemple l’entreprise individuelle, l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée, le statut d’autoentrepreneur, la société à responsabilité limitée, ou la société anonyme.


Selon le Centre de Documentation Économie-Finances (CEDEF), le concept d’Économie Sociale et Solidaire (ESS) désigne « un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques ». L’Économie Sociale et Solidaire s’est constituée au cours de la Révolution Industrielle avec l’émergence des mouvements mutualistes, coopératifs, syndicalistes et associatifs luttant pour plus de justice, de démocratie et de sécurité. Elle s’est développée au XXème siècle dans tous les secteurs d’activités. L’ESS est aussi qualifiée de tiers-secteur car elle est composée d’organisations qui relèvent du secteur privé mais qui ont des caractéristiques qui les rapprochent du secteur public. Ces organisations productives ont pour objectif la solidarité, la démocratie et l’équité.


Une loi du 31 juillet 2014 relative à l’ESS stipule que les sociétés commerciales peuvent aussi faire partie de l’ESS, sous certaines conditions. Le but poursuivi doit être différent du seul partage des bénéfices. La gouvernance doit être démocratique avec la participation des associés, des salariés et des éventuelles autres parties prenantes. Les bénéfices de l’entreprise doivent prioritairement être utilisés pour le maintien ou le développement de l’activité. Devenir une société commerciale ESS donne l’opportunité de valoriser son engagement et de le promouvoir dans la communication de l’entreprise. Cela permet aussi d’avoir accès à des financements spécifiques.



Séance 3 : Le choix de la combinaison productive.


Pour produire, créer un bien ou un service, toute entreprise a besoin de deux facteurs de production. Ce sont les éléments nécessaires à la réalisation de la production. Il s'agit du travail et du capital.

Le facteur travail est l'ouvrier, le salarié, c'est l'humain. Le facteur capital est l'outil nécessaire. La combinaison productive associe le facteur travail au facteur capital. Nous pouvons maintenant théoriser la fonction de production de l'entreprise : y = F ( K ; L) avec :

y = Production dans l'entreprise

K = Capital

L = Travail


Les facteurs de production peuvent être substituables ou complémentaires. Si lorsque j'augmente un facteur de production je dois augmenter l'autre facteur de production, alors les facteurs de production sont complémentaires. Exemple avec le patron d'une agence de taxi : si il augmente le nombre de voitures, il doit augmenter le nombre de chauffeurs. Si en augmentant un facteur de production je peux baisser la quantité de l'autre facteur de production alors les facteurs de production sont substituables. Exemple : caisse automatique.


Notre cours s'intéresse particulièrement au fonctionnement des entreprises (privées). Ainsi, le choix de la combinaison productive des entreprises dépend donc de la nature de la production (facteurs substituables ? complémentaires ?), certes, mais aussi du prix (du coût) et des quantités produites.


Quelques définitions :

Coût total : Le coût total, que l'on appelle aussi le coût de production, est la somme des dépenses engagées pour produire.

Coût moyen : Le coût moyen est le coût total divisé par les quantités produites. Il permet de connaître le coût unitaire d'un bien.

Coût marginal : Le coût marginal est le coût d'une unité supplémentaire.


Recette totale : C'est la somme que rapporte la totalité de la production.

Recette moyenne : C'est la recette totale divisée par la quantité produite. Le résultat est finalement la recette que rapporte à la vente unitaire d'un bien, donc RM = P.

Recette marginale : C'est le supplément recette pour une unité supplémentaire vendue.



Séance 4 : La valeur ajoutée.


Toutes organisations qui cherchent à faire du profit réalise de la valeur ajoutée.

La valeur ajoutée est la richesse créée par une entreprise. On parle de valeur ajoutée car, comme son nom l'indique, on ajoute de la valeur à un bien de départ.


VALEUR AJOUTEE = CHIFFRE D'AFFAIRES – CONSOMMATIONS INTERMEDIAIRES


VA = CA – CI


Le chiffre d'affaires mesure le montant des ventes.

CA = nombre de produits vendus × prix = Q × P


CI = Consommations intermédiaires de l'entreprise nécessaire à la production.


Exemple : Une boulangerie produit 150 baguettes de pain et 50 pains au chocolat chaque matin. Pour produire, elle a consommé pour 50€ d'électricité et 50€ de consommations diverses (chocolat, farine, etc). La boulangerie vend toutes les baguettes pour 1€ et les pains au chocolat pour 2€.


Calculez le Chiffre d'Affaires de l'entreprise pour chaque matinée puis calculez la Valeur Ajoutée de l'entreprise.


CA = (150 × 1) + (50 × 2) = 250€

CI = 50 + 50 = 100€

VA = CA - CI = 150€


Le partage de la valeur ajoutée.

La valeur ajoutée (VA) se partage entre trois agents économiques.

Tout d'abord, les salariés (partie en jaune) récupère une bonne partie de la richesse créée sous forme de salaire. Ensuite, c'est l'Etat (en bleu) qui sous forme d'impôts va récupérer une partie de la richesse créée. Enfin, c'est ce que nous appelons l'Excédent Brut d'Exploitation (EBE).



Excédent Brut d'Exploitation.

La répartition de l'EBE se fait entre plusieurs agents économiques :

- L'Etat qui récupère encore un impôt que l'on appelle impôt sur le bénéfice.

- Les emprunteurs vont recevoir leurs intérêts.

- Les actionnaires vont recevoir leurs dividendes.

- S'il reste de l'argent, c'est le bénéfice net de l'entreprise qui peut lui servir pour son auto-financement.


Lorsqu'une entreprise veut financer des projets, plusieurs circuits de financement s'offrent à elle. Tout d'abord, ils peuvent opter pour l'autofinancement : c'est le financement d'un agent économique par sa propre épargne. On parle de financement interne, parce qu'il est "interne à l'entreprise". On le différencie du financement externe qui fait appel à des ressources disponibles extérieurs à l'entreprise.



Séance 5 : La socialisation.


L'histoire de Victor de l’Aveyron, découvert errant dans les bois de la Caune, ayant passé plus de la moitié de sa vie à l’état sauvage, est au cœur d'un débat sociologique : l'humanité est-elle dans chaque homme ou bien s'apprend t-elle ?


L'enfant sauvage fut capturé, puis on le conduisit à Paris comme objet de curiosité, où il fut confié au docteur Jean Itard. Celui-ci constata d’abord qu’il ne maîtrisait absolument pas les codes de la vie sociale, qui permettent d’habitude aux enfants de s’intégrer progressivement dans la société : ni les normes (Les règles de comportement telles que se déplacer sur ses deux jambes, parler, porter des vêtements, être propre…), ni les valeurs (Les grands principes que l’on peut adopter dans la vie sociale, comme la tolérance, le goût de l’effort, le respect des autres, le sens du partage, ou encore la croyance religieuse). Bref, Victor n’avait pas bénéficié de la socialisation dont bénéficient la plupart des enfants, c’est-à-dire de l’apprentissage progressif des normes et des valeurs qu’ils doivent intérioriser pour s’intégrer dans la société ou dans le groupe auxquels ils appartiennent. Il tenta alors de lui enseigner toutes ces choses qui, chez l’homme, ne sont pas inscrites en lui à la naissance, ne sont pas innées.


Le docteur Itard tente de socialiser Victor : La socialisation est ce qui humanise un individu, c'est ce qui le distingue du monde animal.


La socialisation est un processus par lequel sont transmises des valeurs et des normes dans le but de construire une identité sociale et d’intégrer l’individu à la société.


Définitions.

La socialisation est un processus par lequel sont transmises des valeurs et des normes dans le but de construire une identité sociale et d’intégrer l’individu à la société.

Les normes sont des règles explicites ou implicites, qui orientent le comportement des individus conformément aux valeurs de la société.

Les valeurs sont des principes moraux auxquels les individus adhèrent et qui se manifestent concrètement dans leurs manières de penser, de sentir, d’agir.


Les trois principaux moyens par lesquels l'individu va donc intégrer les normes et les valeurs attendues dans la société sont :

L'injonction, c'est le fait que des individus reçoivent des ordres explicites qu'ils vont finir par intérioriser par répétition.

L'expérimentation est le mécanisme de transmission souvent volontaire et méthodique des normes et des valeurs avec l'usage de sanction négative ou positive. Les individus font l'expérience des situations et en retire des sanctions positives ou négatives qui leur donne une idée de ce qu'ils ont fait.

L'identification est le processus selon lequel un individu développe sa personnalité en s'identifiant aux autres.



Séance 6 : La diversité des socialisations.

Les pratiques culturelles des individus sont évidemment liées aux pratiques culturelles de leur enfance. Et ces dernières sont influencés par les pratiques de la famille et plus particulièrement des parents. Ainsi, parmi ceux qui sont "gros lecteur" aujourd'hui, 65% d'entre eux étaient déjà "gros lecteur" à 8-12 ans. L'influence de la famille ?


Le sourire est d'une part inné, car la nourrisson dès ses premières heures sourit. Il sourit pour un comportement qui lui fait plaisir et pas dans d'autres circonstances. Nous constatons aussi que plus nous grandissons, plus nous sourions à certains moments donnés sans même le vouloir : exemple, je reçois un cadeau qui ne me fait pas plaisir, mais je souris, par politesse. J'ai intériorisé une norme que je reproduis de manière inconsciente : sourire lorsque je reçois un cadeau. C'est le processus d'intériorisation.


L'intériorisation est donc le mécanisme inconscient qui assure l'intégration des normes et des valeurs à sa propre personnalité.


Extrait document : D. Cuche, "La notion de culture en sciences sociales" (2004).

Peter Berger et Thomas Luckmann distinguent "socialisation primaire" (au cours de l'enfance) et "socialisation secondaire", celle à laquelle l'individu est exposé toute sa vie d'adulte et qui n'est pas la simple reproduction des mécanismes de la première. Pour ces auteurs, la socialisation n'est jamais ni parfaitement réussie ni achevée. La socialisation secondaire peut-être, dans certains cas, le prolongement de la première socialisation. Dans d'autres cas, au contraire, à la suite de divers "chocs biographiques", la socialisation secondaire opère une rupture avec la socialisation primaire. La socialisation professionnelle, évoquée directement par les deux chercheurs, est un des principaux aspects de la socialisation secondaire. La socialisation apparaît donc comme un processus sans fin dans le vie d'un individu, qui peut connaître des phases de "désocialisation" (rupture avec un modèle d'intégration normative) et de "resocialisation" (sur la base d'un autre modèle intériorisé).

Source : D. Cuche, La notion de culture en sciences sociales, La découverte, 2004.


Extrait document : M. Darmon, "La socialisation" (2007).

L'idée d'une importance fondatrice des premières années d'existence des individus dans leur formation appartient désormais aux représentations communes de la personne. La force de la socialisation primaire s'explique parce que l'enfant serait un être particulièrement influençable sur lequel les premières expériences ont une forte prise; parce qu'il aurait véritablement besoin, à ce moment-là, de l'influence des personnes qui l'entourent pour ne pas ou ne plus être un animal ; parce que, à cet âge de la vie, les influences socialisatrices sont de fait imposées à l'enfant, qui ne choisit ni ses parents ni l'action qu'il vont avoir sur lui, mais également parce que la contrainte particulière qui pèse sur l'enfance s'accompagne d'un contexte affectif qui donne sa tonalité particulière, et partant son efficacité, à la socialisation primaire; ou enfin, parce que ces premières expériences vont constituer des filtres par lequel l'individu va ultérieurement percevoir le monde extérieur, et "sélectionner" dans ce qui lui arrive les évènements, les personnes ou les perceptions qui ne remettent pas en cause la manière dont ses premières expériences l'ont construit. C'est au nom de ces raisons que l'on peut avancer que l'individu est profondément formé par l'éducation qu'il a reçue pendant son enfance.

Source : M. Darmon, La socialisation, Armand Colin, 2007.


Extrait document : M. Darmon, "La socialisation" (2007).

Berger et Luckmann soulignent que, contrairement aux produit de la socialisation primaire qui sont « très difficilement désintégrés », les produits de la socialisation secondaire sont plus vulnérables à la destruction. Parmi les exemples utilisés par les auteurs, on peut mentionner celui de la cravate. Si un homme a intégré, lors de sa socialisation professionnelle, qu'il doit aller travailler avec une cravate, une petite modification de structure suffira à lui faire renoncer à cette pratique : par exemple, s'il change d'emploi ou d'entreprise et que les usages vestimentaires sont différents. Aller « contre » ce produit de sa socialisation secondaire ne va en rien heurter de très enraciné chez lui. En revanche, avancent Berger et Luckmann, une conversion profonde serait nécessaire pour aller au bureau sans aucun vêtement, ce qui montre la résistance (…) bien plus forte des produits de la socialisation primaire, qui nous a appris à réserver à certaines occasions bien particulières le fait de nous présenter nus devant les autres. (…)

Puisque la socialisation primaire est si puissante et que ses produits sont si « incrustés » dans l'individu, comment est-il possible qu'il y ait quelque-chose après elle ? Comment les produits de la socialisation secondaire font-ils avec « ceux de la socialisation primaire ? » (…) L'ouvrage de Berger et Luckmann identifie comme question fondamentale celle de la cohérence entre les intériorisations originelles et nouvelles, et, notamment, le fait que la socialisation secondaire doive « traiter avec un moi déjà formé et avec un monde déjà intériorisé ». Pour illustrer l'idée selon laquelle la socialisation secondaire ne se fait pas ex nihilo, et doit être analysée à partir de la socialisation primaire, Berger et Luckmann utilisent l'exemple des langues vivantes. On apprend une seconde langue (métaphore de la socialisation secondaire) en la construisant sur la réalité pré-donnée de la langue « maternelle » (métaphore de la socialisation primaire), et pendant longtemps on retraduit continuellement les éléments de la nouvelle langue dans l'ancienne. Le temps passant, si l'apprentissage et la pratique de la langue sont suffisamment soutenus, il devient graduellement possible de « penser » directement dans la nouvelle langue, mais il est rare d'y acquérir une aisance tout à fait équivalente.

Source : M. Darmon, La socialisation, Armand Colin, coll. « 128 », 2007.



L'identité des individus n'est pas totalement construite à partir des rôles intériorisés pendant l'enfance. En effet, les individus peuvent aussi se définir par rapport au groupe social auquel il souhaite appartenir et non en fonction de leur groupe d'appartenance.


La socialisation anticipatrice désigne le processus de socialisation par lequel un individu intériorise les normes et les valeurs d'un groupe de référence auquel il souhaite appartenir et non de son groupe d'appartenance. L'individu, en tentant de s'approprier par avance les normes et valeurs de ce groupe cherche à y faciliter son intégration.



La socialisation est inséparable des conditions matérielles d'existence et de la culture du groupe social dans lequel on vit. Ainsi, l'enfant est soumis à une socialisation différentielle en fonction du genre et du milieu social, c'est la socialisation différentielle. En effet, la socialisation sexuée se manifeste dès le plus jeune âge. Elle se traduit par des attentes différentes selon le sexe de l'enfant et par l'inculcation de normes de comportement différentes pour les filles et pour les garçons. Ainsi, les différences dans l'éducation données aux enfants, les jouets et les activités qu'on leur propose, l'organisation de l'espace, tous ces éléments ont finalité de produire une différence sociale entre les filles et les garçons. C'est pourquoi, on parlera de "fabrique" de la féminité et de la virilité afin de souligner qu'elles sont le résultat d'une construction sociale.


De plus, la socialisation s'effectue selon des modalités très différentes selon la position des familles dans l'espace social. La socialisation est, en effet, inséparable des conditions matériels d'existence et de la culture du groupe social dans lequel on vit. Ainsi, à travers le genre et le milieu social, l'enfant est soumis à une socialisation différentielle.



Extrait document : Nouveaux jouets : ce que les enfants identifient comme “ jouets de garçons ” et “ jouets de filles ” (2006) Isabelle D. Cherney, Hilary J. Harper, Jordan A. Winter

À cause de la socialisation, les enfants sont à même de développer des préférences pour certains jouets, en se basant sur les caractéristiques des jouets, dérivées de leurs expériences avec des jouets stéréotypés ; ou la connaissance qu’ont les enfants des rôles sexués peut les mener aux préférences pour les jouets stéréotypés.

Les stéréotypes culturels sont typiquement à l’origine des choix de jouets chez les enfants. Les jeunes garçons jouent habituellement avec les véhicules, les jouets de construction et les jouets de manipulation, tandis que les filles jouent avec les poupées et les peluches. Dès 16 mois, les garçons préfèrent regarder des véhicules et les filles des poupées. Le dicton : “ Le rose est pour les filles, le bleu est pour les garçons ” décrit souvent un aspect extrêmement visible de la culture américaine. Les publicitaires utilisent la prédominance des stéréotypes de couleur et les incorporent dans leurs stratégies de commercialisation. Picariello, Greenberg et Pillemer (1990) ont trouvé que les enfants d’âge préscolaire utilisent la couleur pour prédire le sexe d’autres enfants et que la couleur des vêtements influence leur prédiction des comportements et des attitudes d’autres enfants dont le sexe est connu.

D’autres chercheurs ont noté que, dans les choix de jouets et de dessins, les garçons ont tendance à porter plus attention aux mouvements d’objets et à leur emplacement, tandis que les filles ont tendance à porter plus attention aux formes et à la couleur.

Source : Nouveaux jouets : ce que les enfants identifient comme “ jouets de garçons ” et “ jouets de filles ” Isabelle D. Cherney, Hilary J. Harper, Jordan A. Winter (2006).




Extrait document : Héritage et transmission dans la sociologie de Pierre Bourdieu Anne Jourdain, Sidonie Naulin (2011)

Les inégalités sociales face à la réussite scolaire ne tiennent pas tant à des différences de richesse qu'à des différences de culture. Selon leur catégorie sociale d'appartenance, les étudiants ne disposent pas des mêmes ressources pour s'adapter à la culture scolaire. Dans "Les Héritiers", P. Bourdieu et JC Passeron distinguent trois classes sociales et analysent leurs rapports différenciés à la culture scolaire. Le privilège culturel des catégories sociales favorisés permet aux étudiants qui en sont issus d'entretenir un rapport libre et distancié avec cette culture. Pour les enfants de paysans, d'ouvriers, d'employés ou de petits commerçants, tous éloignés de la culture de l'élite valorisée par l'école, l'acquisition de la culture scolaire implique une distanciation vis-à-vis de la culture d'origine pour mieux s'imprégner des normes et des valeurs de l'école. Par conséquent, les membres des classes populaires tendent à s'autoéliminer de l'enseignement secondaire ou supérieur, en considérant que les études ne sont pas faîtes pour eux.

Etude de Anne Jourdain et Sidonie Naulin, 2011.


Séance 7 : Les instances de socialisation.


Dans nos sociétés contemporaines, la pluralité des mondes fait souvent partie des expériences précoces de socialisation, tant en raison de l’hétérogénéité de l’univers familial que de la concurrence des autres instances socialisatrices. La sociologie s‘est fort logiquement intéressée à leurs influences croisées et plus ou moins contradictoires. Couramment, on distingue la famille, l’école, le groupe de pairs, les médias.


La famille est considérée par les sociologues comme l’instance fondamentale agissant notamment au cours de la socialisation primaire car son action formatrice est à la fois première, constante et intense. Effectuée dans un contexte affectif, elle contribue à l’intériorisation des premières règles de vie qui permettent à l’enfant de devenir progressivement un membre à part entière du groupe et de la société globale. Incorporées durablement, les dispositions vont ainsi imprimer les attitudes profondes et les schèmes de perception des individus. Pierre Bourdieu a montré le rôle essentiel de la famille dans la construction de manières de faire et de penser (langage, rapport aux objets culturels, pratiques de table, usages du corps, etc.). La socialisation familiale peut s’effectuer parfois de manière volontaire et calculée lorsque les parents poursuivent un objectif éducatif explicite ou bien lorsque ceux-ci contrôlent ou tentent de contrôler l’action des instances socialisatrices concurrentes (accès au groupe de pairs par exemple). Mais elle se produit aussi de manière moins consciente, sur le mode de l’intériorisation et de l’incorporation silencieuse dans les situations les plus ordinaires de la vie familiale.


L’école apparaît comme une autre institution fondamentale de socialisation. Dès le plus jeune âge, et désormais durant une période de plus en plus longue, l’école cherche à inculquer des valeurs et exige des comportements spécifiques en relation avec des apprentissages de tous ordres. Confronté à diverses injonctions, l’élève mobilise des ressources acquises lors des socialisations antérieures ou concomitantes. Muriel Darmon a par exemple étudié la socialisation dans les classes préparatoires en montrant, par un riche travail ethnographique, la genèse des dispositions à l’origine de la fabrication des élites. L’école est aussi au carrefour de plusieurs types de socialisations, par le groupe de pairs notamment. L’analyse de la congruence ou de la divergence des socialisations familiale et scolaire est un champ d’investigation ouvert depuis longtemps par les sociologues. Les actions de ces deux institutions peuvent se compléter, mais aussi entrer en conflit en cas de désajustement entre culture familiale et culture scolaire.


La socialisation par les pairs intervient assez tôt dans le cycle de vie. Par pairs, il faut entendre des personnes d’âge équivalent fréquentant les mêmes lieux (écoles, quartiers, etc.) ou partageant des loisirs similaires. Les travaux menés8 dans les classes de maternelles et dans les cours de récréation révèlent à quel point les comportements, les attitudes et préférences des plus jeunes enfants sont influencées, d’une manière ou d’une autre, par l’action du groupe de pairs. Celui-ci est donc un espace de construction de l’identité au sein duquel la reconnaissance de chacun est expérimentée. Souvent prescripteur de pratiques sociales et de tendances (goût musical, manière de se vêtir, consommation d’alcool, attitudes professionnelles, etc.) le groupe peut parfois être structuré hiérarchiquement (une bande par exemple) en contradiction avec la vision initiale d’une socialisation horizontale.


Les médias, par leur diversité (journaux, radio, télévision, internet, réseaux sociaux numériques, etc.), en tant que moyens de communication de masse, contribuent à la socialisation en véhiculant des modèles et des valeurs. Si le débat sur leur influence est déjà ancien depuis Paul Lazarsfeld, l’apparition de nouveaux médias, renouvelle d’autant plus la question que la jeunesse les a adoptés massivement. Alors que 83 % des Français de 12 ans et plus sont internautes en 2014 d’après le CREDOC, la proportion atteint 100 % pour les 12-17 ans. L’appartenance à une communauté via les réseaux sociaux implique fréquemment une conformité aux règles sociales du groupe. C’est par exemple le cas de la mise en représentation de soi et de son corps, avec un usage sexué des médias sociaux qui confirme la plupart du temps les stéréotypes de genre.


CONCLUSION DU DOSSIER

Les sociologues distinguent généralement la socialisation primaire (processus qui se déroule pendant l'enfance) et la socialisation secondaire (processus qui débute à l’adolescence). Certes, l'enfance constitue un moment privilégié d'acquisition des normes et des valeurs, mais ce processus se poursuit tout au long de la vie adulte en fonction des expériences de vie dans les différents milieux rencontrés. Les acquis de l'enfance sont ainsi amenés à se transformer au cours de la vie adulte.


Les instances de socialisation primaire sont essentiellement l'école, la famille, les groupes de pairs et les médias. Celles de socialisation secondaire peuvent être les organisations professionnelles, l'enseignement supérieur, la vie conjugale, les groupes de pairs, les médias, les associations, etc. Au cours de leur vie, les individus s'intègrent à de nouveaux groupes et doivent alors adapter leur comportement à des normes et valeurs pouvant être différentes. Le processus de socialisation n'est donc pas un processus homogène.


La socialisation secondaire est en partie déterminée par la socialisation primaire et il existe donc une certaine continuité entre ces deux processus. Cependant, au cours de la socialisation secondaire, les normes sociales en vigueur sont parfois en rupture avec les normes acquises pendant l'enfance. Les sociologues utilisent le terme de rupture biographique pour expliquer ce phénomène. De plus, lorsqu’un individu souhaite intégrer un groupe différent de son groupe d’appartenance, il va essayer de s’approprier les normes et valeurs du groupe de référence. Il s'agit d'un processus de socialisation anticipatrice.


Par conséquent, l'identité sociale n’est jamais figée et connaît, au cours du temps, des transformations pour s’adapter à de nouveaux milieux sociaux, à réaménager certaines attitudes, comportements, manières de penser devenus inadaptés. Ainsi, les trajectoires sociales ne sont pas toutes tracées d’avance et ne sont pas toujours déterminés. L’individu dispose de marges de manœuvre et peut donc en permanence modifier son identité sociale.



Séance 8 : Introduction à la Science Politique.


Selon Robert Dahl (politologue américain) le pouvoir n’est pas tant une propriété de quelqu’un ou de quelque chose que la capacité pour A (un individu ou un groupe) d’obtenir de B (un individu ou un groupe) ce que B n’aurait pas fait spontanément. Le pouvoir est ainsi une forme spécifique d’interaction sociale dont on peut observer des manifestations très diverses (pouvoir domestique, pouvoir économique, pouvoir religieux, etc.).


Pour Max Weber, si les individus consentent à obéir au pouvoir politique c’est qu’ils lui accordent une forme de légitimité. Dans Économie et société, il distingue trois types de domination, selon que la légitimité accordée au pouvoir politique s’appuie sur l’histoire et la tradition (domination traditionnelle), sur les vertus personnelles du chef (domination charismatique) ou sur la croyance en la valeur des règles de droit (domination légale-rationnelle). Évidemment, cette distinction renvoie à des « idéaux types » des différentes formes de pouvoir politique : dans la réalité ces types de domination tendent à se combiner. Néanmoins, on retient que, dans cette typologie, c’est la domination légale-rationnelle qui correspond le mieux au pouvoir politique tel qu’il s’exerce dans les démocraties modernes.


Le principe de la séparation des pouvoirs est un principe ancien, issu notamment des réflexions autour de la monarchie absolue et des risques de tyrannie que comporte la concentration du pouvoir aux mains du monarque. En 1748, dans son ouvrage De l’esprit des lois, Montesquieu signale que lorsque la même personne concentre le pouvoir législatif (faire la loi), le pouvoir exécutif (appliquer la loi) et le pouvoir judiciaire (régler les litiges), « il n’y a point de liberté ». La séparation de ces pouvoirs est donc nécessaire pour faire en sorte que « par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».


Les régimes démocratiques se caractérisent donc notamment par le respect de ce principe de séparation des pouvoirs, qui se traduit institutionnellement par l’existence d’organes distincts (le pouvoir législatif est exercé par des assemblées représentatives, le pouvoir exécutif est détenu par le chef de l’État et les membres du Gouvernement, le pouvoir judiciaire est exercé par des juridictions spécialisées).

Les différents régimes démocratiques vont donc essentiellement se distinguer en fonction de l’équilibre qu’ils établissent, notamment entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Si les régimes dits « parlementaires » établissent des formes de collaboration et d’interdépendance entre le gouvernement et les assemblées, les régimes dits « présidentiels » établissent une séparation plus stricte et une indépendance plus grande entre les différents pouvoirs et les organes qui les représentent. En ce sens, les institutions de la cinquième République constituent un « régime mixte » (on parle aussi de régime « semi-présidentiel »), qui emprunte certains éléments du régime présidentiel et d’autres du régime parlementaire.


La Constitution de la cinquième République accorde le pouvoir législatif au Parlement, composé de deux chambres qui sont l’Assemblée nationale (élue pour cinq ans au suffrage universel direct) et le Sénat (dont les membres sont élus pour six ans au suffrage indirect par des « grands électeurs » : députés, conseillers régionaux et généraux, maires et délégués des conseils municipaux). Ce bicaméralisme est dit « inégalitaire » car, en matière législative, même si le Sénat peut proposer des amendements, le dernier mot revient à l’Assemblée nationale.


Le pouvoir exécutif est partagé entre le Président de la République et le Premier ministre (on parle de « dyarchie » ou « d’exécutif bicéphale »). Le Président est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et dispose de larges prérogatives. Il nomme le Premier ministre et préside le Conseil des ministres. Il peut dissoudre l’Assemblée nationale et il peut recourir au referendum pour faire adopter des lois. Le Premier ministre est le chef du gouvernement, qui « détermine et conduit la politique de la Nation ». On note cependant que les relations à la tête de l’exécutif sont inégalitaires puisque le Président peut mettre fin aux fonctions du Premier ministre.


Dans la cinquième République, les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont complexes. Si formellement le régime est plutôt parlementaire (le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale et, en contrepartie, le Président peut dissoudre l’Assemblée ; l’initiative législative est partagée entre le parlement et l’exécutif…), les prérogatives accordées au Président sont importantes et conduisent à parler de régime « semi-présidentiel », voire présidentiel lorsque la majorité politique de l’Assemblée nationale est la même que celle du Président. En revanche, en période de majorités différentes (périodes dites de « cohabitation », comme en 1986-1988 et 1997-2002) la cinquième République tend à fonctionner plutôt comme un régime parlementaire. On note cependant que les derniers aménagements constitutionnels (passage au quinquennat et modification de l’agenda électoral) rendent les cohabitations moins probables et rééquilibrent les pouvoirs en faveur de l’exécutif et, en particulier, du Président.



Séance 9 : Les différents modes de scrutin en politique.


Le principe démocratique suppose que la légitimité des gouvernants et plus largement des représentants politiques découle des suffrages exprimés par les électeurs, de manière directe ou indirecte. Dans les démocraties modernes, le suffrage est universel, c’est-à-dire qu’il est reconnu sans distinction à tous les citoyens, dans les limites, notamment d’âge et de nationalité, établies par la loi. Le mode de scrutin définit, quant à lui, la manière dont on décompte les suffrages pour aboutir à la désignation des élus. Si le principe du suffrage universel est aujourd’hui partagé par l’ensemble des démocraties représentatives, les modes de scrutin adoptés peuvent être très divers selon les pays ou selon les types d’élection. On distingue traditionnellement le scrutin majoritaire et le scrutin proportionnel. Dans le cas du scrutin majoritaire, le ou les sièges en jeu sont attribués au candidat (ou à la liste) ayant atteint la majorité des voix, l’issue d’un ou deux tours. Dans le cas le plus simple, le pays est divisé en « circonscriptions électorales », correspondant chacune à un siège, et chaque siège est remporté par le candidat qui obtient le plus de voix dans sa circonscription (c’est le cas en Grande-Bretagne, avec le scrutin uninominal à un tour). Dans le cas du scrutin proportionnel, les sièges sont répartis au prorata des suffrages obtenus. Le plus souvent, un seuil minimal est fixé pour pouvoir accéder à la répartition des sièges. Il existe, enfin, des scrutins « mixtes ». Par exemple, en France, pour les élections municipales dans les communes de plus de 1000 habitants, la liste arrivée en tête à l’issue du deuxième tour obtient la moitié des sièges, tandis que l’autre moitié est répartie à la proportionnelle entre les différentes listes (dont celle arrivée en tête).


Les différences entre ces modes de scrutin peuvent affecter les résultats des élections. Le scrutin majoritaire aboutit en général à des distorsions entre l’expression des suffrages et sa traduction en termes de distribution des sièges. Un parti qui ferait un très bon score dans chacune des circonscriptions mais n’en remporterait aucune n’aurait aucun siège à la chambre tout en ayant rassemblé, lors de l’élection, un nombre important de suffrages. Dans la même situation, un scrutin proportionnel conduirait à une répartition des sièges qui rendrait compte de manière plus exacte de la répartition des suffrages. En revanche, le scrutin majoritaire, en accordant une certaine surreprésentation au vainqueur, favorise des majorités stables, tandis que le scrutin proportionnel, en morcelant la représentation électorale, tend à favoriser une certaine instabilité. Ces caractéristiques rétroagissent sur la manière dont se structure l’offre électorale. En effet, le mode de scrutin choisi affecte assez largement la structure de l’offre politique et, plus largement la sélection des représentants politiques. On peut citer par exemple la « loi de Duverger », selon laquelle le scrutin majoritaire à un tour favorise le bipartisme et les alternances, alors que la représentation proportionnelle tend à la multiplication de petits partis et au risque d’instabilité politique. Le scrutin majoritaire à deux tours, qui est celui de la cinquième République, conduit quant à lui à la formation d’alliances pour le second tour et constitue un élément de stabilité politique.


Les partis politiques évitent que ces mécontentements ne débouchent sur une violence incontrôlée. Pour avoir des élus, les partis se livrent à un important travail de mobilisation électorale. On peut définir ce travail comme l’ensemble des actions mises en œuvre par des acteurs divers pour diffuser une offre politique et persuader les électeurs de s’y rallier en apportant leur soutien et leur vote. Les campagnes jouent un rôle central dans la mobilisation électorale. Elles peuvent être analysées comme l’aboutissement du processus de la rationalisation du travail de sollicitation des électeurs, ce qui suppose l’émergence de savoir-faire spécifiques à l’élection. Les campagnes électorales sont aussi un temps important dans le processus de politisation des électeurs. D’autres formes d’organisations participent au bon fonctionnement de la démocratie. C’est le cas, par exemple, des syndicats, des associations, des groupes d’intérêt et, plus généralement, des différentes composantes organisées de la société civile. Traditionnellement les syndicats, les associations ou encore les organisations religieuses ont pu jouer, par rapport aux partis politiques, un rôle de relais dans la mobilisation politique et électorale.



Séance 10 : La richesse d'un pays.


La croissance peut se définir, selon l’économiste François Perroux, comme « l’augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global en termes réels ». Elle est déterminée à partir du taux de variation du PIB en volume. L’évolution du PIB, et donc celle de la croissance économique, peuvent être étudiées dans une perspective historique et spatiale, représentée et quantifiée à l’aide de séries chronologiques et de calculs de taux de variation. Pour étudier les grandes évolutions du PIB et de la croissance sur plusieurs siècles, il est possible de se référer aux Comptes Nationaux de l’INSEE (Informations rapides) et, au niveau international, aux documents de la Banque Mondiale et aux travaux de l’économiste et historien Angus Maddison.


L’émergence de la croissance économique date de la première révolution industrielle et son décollage en Angleterre puis dans d’autres pays européens et au Japon, au cours de la seconde moitié du XIXème siècle. De 1850 à 1930, la croissance mondiale augmente à un rythme relativement régulier, autour de 2 % par an en moyenne. La première guerre mondiale et la crise de 1929 affectent alors considérablement la croissance. Puis, une hausse relativement forte apparaît ensuite de la seconde guerre mondiale au premier choc pétrolier (1973), période d’ailleurs qualifiée de « Trente Glorieuses » selon l’expression de Jean Fourastié ; elle oscillait alors entre 4 et 7 %. Depuis 1973, elle se situe en dessous et une année de décroissance (2009), la première depuis plus de soixante ans, est apparue avec la crise des « subprimes ». En revanche, depuis 2015, elle a dépassé 3 % d’après la Banque mondiale.



Séance 11 : Les limites de la croissance économique.


L'intérêt majeur d'utiliser un outil statistique comme le PIB, c'est de pouvoir y faire des comparaisons internationales. Cependant, l'indicateur n'est pas fiable lorsqu'il s'agit de mesurer le bien-être d'une société et cela pour plusieurs raisons.


1- D'abord, parce que l'on mesure le PIB par la somme des valeurs ajoutées, cela est réalisable lorsqu'il s'agit de production marchande, c'est-à-dire la production des entreprises, celles dont l'objectif est de réaliser du profit. Cependant, les organisations qui réalisent une production non marchande ne réalise donc pas de valeur ajoutée. On va donc estimer leur valeur par le montant du coût nécessaire à sa réalisation.


2- Certaines activités ne sont pas prises en compte dans le calcul du PIB, que se soit le travail au noir (travail non déclaré) jusqu'au bénévolat, ce dernier pourtant nécessaire au bien être de la société.


3- Le calcul du PIB ne nous renseigne pas vraiment sur la répartition de la richesse.


4- Le PIB ne mesure pas les externalités. L’externalité caractérise le fait qu'un agent économique crée, par son activité, un effet externe et procure à autrui un avantage ou au contraire une nuisance (un dommage), sans contrepartie. La croissance engendre des externalités négatives. Un effet externe (ou externalité) désigne une conséquence d’une activité économique (qu’elle soit positive ou négative) et qui n’est pas prise en compte par le marché. La croissance peut se traduire notamment par un épuisement des ressources naturelles, une baisse des réserves halieutiques, une réduction de la biodiversité, une déforestation, une augmentation de la pollution et en particulier des émissions de gaz à effet de serre. Ces activités induisent un coût social qui est supérieur aux coûts privés pris en compte par les agents économiques responsables. L’impact de la croissance économique sur l’environnement peut être mesuré grâce à l’empreinte écologique (estimation de la surface terrestre nécessaire à la satisfaction des besoins) et à l’empreinte carbone (émission de gaz à effet de serre généré par l’activité humaine).


Les limites du PIB évoquées ont poussé les organisations internationales à développer de nouveaux indicateurs de mesure du bien-être. Le plus populaire étant l'Indicateur de Développement Humain (IDH). Ce dernier est mesuré par l'agrégation de plusieurs indicateurs :

- indicateur de richesse : le revenu par habitant

- indicateur d'éducation : le niveau de scolarisation (durée moyenne de scolarisation)

- indicateur de santé : l'espérance de vie


Après l'agrégation de ces 3 indicateurs, la valeur de l'IDH sera entre 0 à 1.

Les pays ayant un IDH très élevé sont au dessus de 0,8 : Norvège, Royaume-Uni, Etats-Unis, France.

IDH élevé : 0,7 à 0,8 : Russie, Mexique.

IDH moyen : 0,5 à 0,7 : Egypte, Maroc.

IDH faible : inférieur à 0,5 : Afghanistan, Ethiopie.


Pour conclure, le PIB est un outil intéressant notamment pour les comparaisons internationales. Il a, cependant, des limites et l'IDH permet de le compléter. Enfin, que l'IDH retiennent davantage de paramètres que le PIB est une chose, mais cette indicateur a lui aussi certaines limites. Il ne prend pas en compte par exemple la dégradation de l'environnement ou encore les dimensions politiques telles que l'égalité homme-femme, la liberté d'expression, etc.



Séance 12 : Vendre sur un marché.


Dans la logique du questionnement « comment les économistes, les sociologues et les politistes raisonnent-ils et travaillent-ils ? », il s’agit donc de montrer comment un modèle simple peut permettre d’expliquer des phénomènes réels, comme la fixation des prix d’un très grand nombre de biens et services.


Dans cette optique, après avoir présenté différents exemples de marchés, il est nécessaire de montrer que, pour simplifier la réalité, on peut faire l’hypothèse que la demande est une fonction décroissante du prix et que l’offre est une fonction croissante du prix. Ce modèle simple permet alors, par la représentation graphique, de déterminer la quantité d’équilibre, le prix d’équilibre et ses possibles ajustements.


La notion de marché recouvre une multitude de marchés différents. Pour un économiste, un marché est le lieu réel ou fictif de rencontre entre l’offre et la demande donnant naissance à un flux d’échanges et à la fixation d’un prix. Il y a autant de marchés que de biens et services marchands (pétrole, blé, forfaits téléphoniques etc…).


La courbe de demande ou fonction de demande représente la quantité demandée pour chaque niveau de prix. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue et lorsque le prix diminue la quantité demandée augmente. La demande décroît donc avec le prix.


La courbe d’offre ou fonction d’offre représente la quantité offerte pour chaque niveau de prix. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix augmente, la quantité offerte augmente et lorsque le prix diminue la quantité offerte diminue. L’offre croît donc avec le prix.



Séance 13 : Le prix d'équilibre.


L’équilibre de marché s’observe à l’intersection de l’offre et de la demande. Ainsi, à ce point d’intersection, est déterminée une quantité d’équilibre et un prix d’équilibre. Il s’agit d’un équilibre car tous les offreurs disposés à vendre à ce prix-là vendent effectivement toute leur production et tous les acheteurs disposés à acheter à ce prix-là sont en mesure d’acheter tous les biens et services qu’ils désirent. On a donc graphiquement cette situation :


Sur le marché, toutes les ventes et tous les achats se font au même prix. L’équilibre est unique. Si le prix est supérieur au prix d’équilibre, l’offre est excédentaire et le prix doit donc baisser pour retrouver le niveau d’équilibre. Si le prix est en dessous de son prix d’équilibre, il y a une pénurie ou demande excédentaire ce qui fait augmenter le prix jusqu’au prix d’équilibre.



Séance 14 : Le rôle du diplôme dans notre société.


Reprenant la démarche de l’économiste, il s’agit dans un premier temps de reconstituer le raisonnement individuel qui conduit à l’engagement dans un processus de formation au regard d’objectifs personnels, notamment en termes de salaire et de capabilité. Cette décision est alors interprétée comme un choix individuel sous contraintes. Un arbitrage est supposé réalisé à partir d’une comparaison entre les bénéfices escomptés (facilités d’insertion, salaire, protection contre le risque de chômage, possibilités de promotion…) et les coûts (frais occasionnés par la poursuite d’études, coût d’opportunité correspondant au renoncement à un salaire), lequel s’effectue dans un contexte : l’augmentation des qualifications requises par les transformations de l’emploi, a démocratisation de l’école et la conjoncture économique. Cette étude amènera à une première approche du fonctionnement du marché du travail, du rôle du diplôme sur ce marché (le salaire dépend de la productivité et le diplôme est un signal des compétences acquises par l’individu), ainsi que du risque accru d’exposition au chômage, lié au manque de qualification. La notion de capabilité conduit à introduire l’idée que les individus n’attendent pas seulement un revenu mais aussi une ouverture à un ensemble de possibilités auxquelles ils accordent de la valeur. Ils aspirent aussi à un emploi pour ce qu’il permet d’accéder à des formes de protection et de reconnaissance, à une place dans la société. Les aspirations individuelles et les parcours sont aussi socialement construits. C’est l’enrichissement que permet notamment le regard du sociologue.


L’approche économique contemporaine de l’éducation s’est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux Gary Becker (Prix Nobel 1992) qui ont fondé la théorie du capital humain. Selon cette théorie, les compétences acquises dans le système d’enseignement et de formation augmentent la productivité des individus et accroissent les revenus qu’ils tirent de leur travail. En d’autres termes, elles constituent une forme de capital dont la particularité est d’être « incorporée » dans les personnes qui la détiennent, d’où son nom de capital humain. Gary Becker définit ainsi le capital humain comme « l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. ». Ce capital, qui est un stock, est propre à l’individu. Comme tout stock, il peut être accumulé et peut se déprécier. L’éducation et la formation font partie des flux qui alimentent ce stock.



L’éducation est en effet un investissement en capital humain : l’agent rationnel procède à une comparaison entre les bénéfices qu’il retire d’une année de formation supplémentaire (plus grande productivité donnant accès un salaire escompté supérieur, estimé sur toute la durée de vie active à venir) et les coûts qui y sont associés (ensemble des frais et coûts d’opportunité liés à la formation) ; il opère par là même un arbitrage entre travail et formation (et donc entre présent et futur).


Une partie du chômage semble donc pouvoir s’expliquer par le manque de diplômes, qui attesteraient le manque de qualification, en tous les cas l’inadéquation entre les qualifications offertes par les individus et celles recherchées par les employeurs. Une partie du chômage, et notamment une partie du chômage de longue durée pourrait donc s’expliquer comme un chômage « d’inadéquation » entre les qualifications des demandeurs d’emploi et les qualifications souhaitées pour occuper les emplois proposés. En conséquence, il est a priori rationnel pour les individus d’investir dans leur capital humain et d’acquérir les qualifications dont ils constatent ou anticipent qu’elles seront celles recherchées par les employeurs. Dans un contexte de hausse générale des qualifications, cela conduit à un allongement de la durée des études.


Les employeurs (demandeurs) seront prêts à verser des salaires plus élevés à celles et ceux qui détiennent les qualifications recherchées, et à le faire d’autant plus que ces qualifications ne sont pas répandues. Le salaire aura alors logiquement tendance à augmenter avec le niveau de formation et de qualification, venant rentabiliser l’investissement individuel en capital humain.



Séance 15 : La méthode d'argumentation - le diplôme.


Dans tout texte scientifique, mais aussi dans la vie courante, on attend du rédacteur qu’il argumente, c'est-à-dire qu’il présente ses idées d’une façon convaincante pour le lecteur.

Mais comment faire pour bien défendre ses idées ? Apprendre à le faire et s’entraîner régulièrement est le meilleur moyen d’y arriver.


Regardons trois exemples de paragraphes rédigés. Les trois portent sur la question simple que vous pose le professeur : « pourquoi es-tu arrivé en retard ? ». Demandez-vous lequel est le plus convaincant :

Exemple 1 : Je suis arrivé en retard, c’est comme cela.

Exemple 2 : Je n’ai pas eu le temps de venir en classe. Ce matin, mon réveil n’a pas sonné.

Exemple 3 : Je suis arrivé en retard. En effet, je n’ai pas eu le temps d’arriver à l’heure au lycée puisque mon réveil n’a pas sonné. Mon réveil devait sonner à 7 h 00 mais je n’ai été réveillé par mon père qu’à 7 h 30. Comme je mets 25 minutes pour aller au lycée, je n’ai pas eu le temps pour être là à la première sonnerie de 7 h 50.


Organiser un paragraphe argumenté.

Une argumentation est réussie si elle prend le temps de remplir trois étapes : il faut d’abord donner une affirmation (A), puis expliquer (E) cette affirmation et enfin illustrer (I) cette affirmation par un exemple. Retenez simplement cela : AEI.


Dans le paragraphe 1, il manque une explication et une illustration.

Dans le paragraphe 2, il manque une illustration.

Quant au paragraphe 3, il donne les trois étapes : l’élève affirme être en retard, explique son retard, puis l’illustre en précisant concrètement les choses.


En Sciences économiques et sociales, c’est la même chose. Pour toute question à l’oral ou dans un contrôle : l’affirmation sert à répondre simplement à la question ; l’explication se construit avec le cours pour préciser l’affirmation ; l’illustration se construit avec les documents du contrôle pour préciser l’affirmation.



Séance 16 : La société de consommation.


Le but de ce cours est d'analyser l'acte de consommation à travers le regard de l'économiste puis à travers celui du sociologue.


Comment définir la consommation ? La consommation désigne le fait de consommer (autrement-dit utiliser) des biens et services, généralement dans le but de satisfaire des besoins ou des désirs. La production génère des revenus qui seront soit consommés (utilisation immédiate de la production), soit épargnés (utilisation future de la production).


La Cigale et la Fourmi

La Cigale, ayant chanté tout l’été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la bise fut venue :

Pas un seul petit morceau

De mouche ou de vermisseau.

Elle alla crier famine

Chez la Fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelque grain pour subsister

Jusqu’à la saison nouvelle.

« Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l’Oût, foi d’animal,

Intérêt et principal. »

La Fourmi n’est pas prêteuse :

C’est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

– Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.

– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.

Eh bien! dansez maintenant.


Jean de La Fontaine, Livre I – Fable 1